Si la caravane du tour du France a bien vu le jour en 1930, c’est d’abord et avant tout grâce à l’initiative d’Henri Desgranges : réussir le pari un peu fou de faire le tour de la France à bicyclette. Après l’histoire de la caravane, découvrez aujourd’hui celle de la Grande Boucle.
La bataille le Vélo / l’Auto Vélo.
Aujourd’hui, un quotidien sportif se distingue particulièrement dans le paysage français : le journal l’Equipe. Mais vers la fin du XIXème siècle, la donne est totalement différente et la guerre fait rage entre les deux grands quotidiens de l’époque que sont « Le Vélo » et « L’Auto ».
A l’origine, « l’Auto » s’appelait en réalité « L’Auto-Vélo ». En raison d’une trop grande ressemblance avec son concurrent, il est forcé -par décision de justice- de modifier son appellation, seule la première partie de son nom est alors conservée. Et là c’est le drame… A cette époque, le cyclisme est un des sports favoris des français et le terme « Vélo » permet à lui seul, d’envisager de très bonnes ventes.
Les débuts du sponsoring cycliste
Pour ne pas se laisser distancer en termes de vente par son concurrent direct, et en réponse au Paris-Brest imaginé par Pierre Giffard (rédacteur en chef du journal le Vélo), Henri Desgranges responsable lui de « l’Auto » pense alors à une course cycliste à l’échelle nationale. Une compétition bien plus spectaculaire et populaire que les courses de l’époque et qui permettrait de faire grimper les ventes de son journal. Les fondations du tour de France sont posées !
En collaboration avec Géo Lefèvre (un ancien journaliste du Vélo), ils décident de lancer en 1903 la première édition de celle que l’on appellera plus tard « la grande boucle ». Le projet voit d’ailleurs le jour sous le nom des « Six jours de la route ». Cette course devant relier les plus grandes villes de France, servira alors de formidable vecteur de communication. On remarquera que le journal «le Vélo » ne s’en remettra jamais, ses ventes chutent dramatiquement et disparaît assez rapidement.
Pour l’anecdote, la relation entre les deux journaux est bien plus étroite et complexe qu’il n’y parait. Le contexte politico-économique de l’époque et particulièrement l’affaire Dreyfus marquera définitivement l’histoire de ces deux quotidiens. En raison d’un différend concernant l’affaire de ce colonel, de nombreux industriels également annonceurs du journal le Vélo, s’opposent à l’idéologie de Pierre Giffard et décident de créer un journal concurrent, c’est ainsi que L’Auto voit le jour.La première édition dans le détail :
- 78 engagés, 61 coureurs au départ, mais seulement 21 franchissent la ligne d’arrivée
- Au départ de Paris, 6 étapes sont au programme : Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Ville-Avray (région parisienne)
- Le droit d’engagement est fixé à 10 Francs et la récompense pour le vainqueur atteint les 3000 Francs
- L’affluence de ce 1er tour est estimée entre 250 000 et 500 000 personnes
- Maurice Garin (France) est le premier vainqueur du TDF, il remporte notamment 3 étapes.
Pour le plaisir, quelques anecdotes sur la Grande Boucle
- La couleur jaune du maillot de leader
Le besoin de distinguer clairement le leader de la course des autres coureurs, pousse les organisateurs à mettre en place un système de signes distinctifs. C’est alors en l’honneur du journal l’Auto, que le maillot de leader se pare de sa désormais célèbre couleur jaune. En effet, le journal était imprimé sur un papier de cette même couleur. D’ailleurs il est amusant de noter qu’il existe un autre exemple assez similaire. En effet pour le Giro (le tour cycliste italien), ici encore, la couleur du maillot de leader vient de celle d’un journal, à savoir la Gazzetta Dello Sport et son inimitable papier rose.
- Le classement par équipe
A l’exemple du maillot jaune, l’équipe dominant le classement par équipe devait également avoir son propre signe distinctif. A l’origine, les équipiers de la meilleure équipe portaient des casquettes de couleur jaune, mais en raison du port du casque, un nouveau dispositif dû voir le jour. Exit les casquettes, bonjour les dossards. Par souci du détail, on précisera que depuis 2012, en plus du dossard jaune, les coureurs de l’équipe leader doivent également porter un casque de cette même couleur.
- Tous les chemins mènent à Bordeaux.
Après Paris -et sa plus avenue du monde- qui voie chaque année l’arrivée du TDF, c’est la ville de Bordeaux qui affiche le plus grand nombre de participations à la grande boucle. On dénombre pas moins de 80 étapes passant par la capitale girondine.
- Toujours plus loin, toujours plus international.
Véritable événement planétaire, la Grande Boucle sait s’exporter : Grande-Bretagne, Pays-Bas, Belgique, Italie, Suisse … En 2008, elle a même failli débuter de l’autre côté de l’atlantique, du Canada et même plus précisément de Québec. A l’occasion des 400 ans de la province, le maire québécois avait alors proposé sa candidature à l’organisation du Grand Départ. Les contraintes étant trop importantes (décalage horaire, transport du matériel et des participants …) l’organisation du tour de France déclina la proposition.
[Bonus] La carte de l’édition 2014
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