Retour sur la 13ème édition des journées de l’arbitrage

Mardi 4 novembre, nous étions au 44 rue de Vaugirard, autrement dit au siège social du groupe La Poste pour célébrer les treizièmes journées de l’arbitrage. Retour sur cet événement au travers de 4 interviews. Et pour une fois, « l’homme en noir » occupe le devant de la scène.

Cette année, les journées de l’arbitrage ont fêté leur 13ème édition. Elles se sont déroulées du 28 octobre au 5 novembre. Ce concept lancé en 2002 par les magasins BUT, puis co-organisé par le groupe La Poste à partir de 2007, est aujourd’hui entièrement géré par le groupe La Poste. Le principe, proposer un véritable éclairage sur le rôle de l’arbitre et valoriser une fonction qui est bien souvent au centre de toutes les critiques. L’occasion de réunir les fédérations et les ligues professionnelles des 4 principaux sports collectifs en France, à savoir le Basket-ball, le Football, le Handball, et le Rugby, autour de l’arbitrage.

« La manifestation vise à valoriser la fonction arbitrale auprès des jeunes et à sensibiliser le grand public aux valeurs fondamentales de l’arbitrage : l’engagement, le respect, la transparence, l’équité et la confiance, essentielles à la vie en société. »

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Cette année, la thématique tournait autour de l’arbitrage et les arbitres de demain avec notamment en point de mire les nouvelles technologies, le recrutement, la détection, la formation, la féminisation… Nous avons profité de la soirée organisée par le Groupe La Poste pour rencontrer des professionnels et recueillir leurs points de vue sur l’arbitrage et l’avenir des arbitres.

Rencontre avec Jean-Raphaël Gaitey, responsable des partenariat sportifs pour le Groupe La Poste

Cdusport : Quel est votre bilan de cette soirée et de cette 13ème édition des journées de l’arbitrage ?

J-R G: L’idée c’était de créer un débat, un échange avec des experts dans leur domaine, le management, la sociologie voire même la magistrature. Ils nous apportent leurs points de vue par rapport à l’arbitrage, je pense que les gens ont été satisfaits. C’est la 13ème édition, il y a une évolution, il faut s’adapter au contexte et surtout au point de vue de la population sur la fonction, ce qui reste encore compliqué… C’est une fonction décriée parce que méconnue, le but c’est de la valoriser, de braquer les projecteurs sur les arbitres au moins une fois dans l’année afin de faire évoluer le regard des français. Jeunes, dirigeants de clubs, professionnels et amateurs, qu’ils prennent conscience que sans arbitre il n’y a pas de jeu !

Cdusport : Un mot sur l’initiative « Kop arbitre » ?

J-R G: J’en ai fait parti à Rennes à l’occasion du 16ème de coupe de la ligue Rennes-Marseille, le public était très réceptif à ce Kop d’un nouveau genre. Il n’y a eu aucune animosité envers le soutien aux arbitres, c’était plutôt réussi. C’était une surprise pour le grand public, mais aussi pour les médias et le monde des arbitres, d’ailleurs Sahid Ennjimi qui officiait ce jour là était ravi de voir que le partenaire des arbitres s’engageait fortement.C’est une initiative de l’entreprise en tant que partenaire des arbitres depuis 8 ans qui cherche chaque année un nouvel éclairage, de nouvelles idées pour faire bouger les choses.

Tous arbitre Kop

Cdusport : Actuellement, le concept porte sur 4 sports (Basket-ball, Football, Handball, Rugby), souhaitez-vous le développer ?

J-R G: On est arrivé en tant que co-partenaire des arbitres en 2007, c’était un projet à l’origine porté par les magasins BUT. Le périmètre de ce partenariat englobait déjà 4 sports. On souhaite le maintenir en l’état pour l’instant. C’est 53 000 arbitres et ce n’est pas seulement les professionnels dont on parle beaucoup, il y a également les amateurs.

Cdusport : Quelle est la suite du programme maintenant ?

J-R G: On va déjà débriefer cette édition, voir ce qui a fonctionné et moins bien fonctionné, il y a toujours des choses à améliorer. Après il faudra trouver de nouvelles idées et les proposer à nos partenaires sportifs, c’est un vrai débat, un échange.

 L’arbitrage, un cadre plus large que le simple terrain de sport

Au cours de cette soirée se sont succédé sur scène, un magistrat, un employé de chez Google, une psychologue,un consultant en management et enfin un philosophe. Quel est le rapport avec le sport? Pourquoi avoir fait de Christophe Maé le parrain de cette 13ème édition? La réponse est plutôt simple: le rôle de l’arbitre ne se limite pas aux parquets ou à la pelouse, il s’inscrit dans un cadre beaucoup plus large. A travers les valeurs qu’elle véhicule, la fonction d’arbitre affecte bien plus largement le grand public et par ses choix, le groupe La Poste a voulu le mettre en avant. Les arbitres (en grande majorité des hommes, parité quand tu nous tiens…) sont souvent peu considérés, il est bien coutume de dire que l’arbitre doit se mettre au service du jeu et que moins il se fait remarquer, mieux c’est.

On a voulu avoir le point de vue de Joël Dumé, ancien arbitre international de rugby et désormais directeur technique des arbitres de la FFR.

Cdusport : Que représente pour vous une soirée comme celle-ci  ?

J D : C’est toujours intéressant d’avoir l’œil d’experts étrangers au monde de l’arbitrage, ils arrivent à faire des parallèles entre leur domaine de prédilection et l’arbitrage. Quand on est un peu « le nez dans le guidon » on peut avoir du mal à s’ouvrir, à voir nos imperfections donc c’est enrichissant et vraiment source d’inspiration.

[Tweet «  »Aujourd’hui, la fonction d’arbitre souffre de sa médiatisation. » Joël Dumé »]

J D : Il y a 13 ans avec les premiers partenaires c’était un soutient moral assez intimiste, là on est vraiment passé à la médiatisation de la fonction. On parle de management, de relation, c’est le cœur de métier de notre partenaire, on est passé à une étape indiscutablement supérieure. Pour nous qui avons l’habitude que l’on parle de l’arbitrage dans des moments difficiles, c’est source de motivation et de reconnaissance.

Cdusport : Avez-vous déjà des exemples d’applications concrètes concernant les thèmes évoqués ce soir (technologie, féminisation, professionnalisation)  ?

J D : Tout dépend des fédérations. Nous avons la chance au rugby d’avoir été encouragés par ce qui se faisait de bien à l’étranger. On a opté pour la professionnalisation de l’arbitrage assez rapidement, aujourd’hui nous avons 4 arbitres professionnels. Cela leur permet de trouver un juste équilibre, l’équilibre familial semble primordial pour la réalisation de l’arbitre « Homme ». Ils ont le temps pour se préparer physiquement, mentalement et techniquement. Ce n’était pas le cas quand ils n’étaient pas professionnels. Aujourd’hui c’est indispensable si un arbitre veut se réaliser au niveau international.

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Cdusport : La mousse utilisée par les arbitres de football vient tout juste d’apparaître en France alors qu’elle existe depuis des années en Amérique du Sud. Aujourd’hui, est-ce habituel de regarder ce qui se fait à l’étranger ?

J D : Oui dans le rugby, on a beaucoup appris sur l’arbitrage vidéo. On a fait référence à ce qui se passait déjà dans l’hémisphère sud, en Afrique du Sud ou en Nouvelle-Zélande.

[Tweet «  »La technologie dans le sport, c’est inéluctable mais il faut en garder le contrôle. » Joël Dumé »]

Top 14 arbitrage

L’arbitrage vidéo est devenu monnaie courante dans le rugby et le Top 14

Cdusport : Votre avis sur l’utilisation de la vidéo ?

J D : Ce qui est important, c’est être persuadé que malgré l’avancée technologique, il y aura toujours des erreurs d’arbitrage. L’interprétation existera toujours donc l’erreur existera toujours également. Deuxième point, c’est de ne pas tomber dans le tout professionnel. Il y a des phases de jeu qui se prêtent à l’usage de l’électronique et d’autres qui ne le sont pas !L’aide à la décision doit représenter une sécurité pour l’arbitre. C’est une question de bon sens, dans le stade il y a 80 000  personnes qui ont accès à la technologie. il y a des millions de téléspectateurs qui grâce à la technologie savent que la décision a été mauvaise, la seule personne qui doit décider, lui ne l’a pas, c’est frustrant. Mais attention, le côté management doit rester à l’arbitre, ça ne sera jamais réglé par la technologie.

Cdusport : Enfin, existe-t-il une coopération entre les différents sports?

J D : Oui, on communique souvent, soit pour parler règles de jeu soit pour parler management. Ce qui est bon par exemple dans le Handball peut être applicable dans d’autres sports. Il y a une vrai coopération entre les institutions et les cellules techniques des 4 sports collectifs. 

« L’arbitrage a besoin d’avoir un relais communication / marketing pour valoriser l’arbitrage » – Raymond Bauriaud

Nous avons par la suite rencontré Raymond Bauriaud, directeur communication, marketing et événements de la fédération française de basket-ball. Il a notamment pu nous confirmer le besoin d’accompagnement dans la promotion de l’arbitrage.

R B : C’est un événement qualitatif de par les intervenants et l’organisation mise en place par La Poste, ça change des éclairages habituels de la presse. Il y a un volet promotion / communication important, mais cela tire aussi vers le haut les ligues et les fédérations qui y participent. Là, on parle du sujet de l’arbitrage et du respect de la règle en général, mais ça va bien au delà, c’est aussi la valorisation du sport et de toutes les parties prenantes au jeu.

SPO Rouen – Nanterre avec les enfants de Postiers hauts-normands sur les parquets

SPO Rouen – Nanterre avec les enfants de Postiers hauts-normands sur les parquets

Cdusport : Quelles sont les applications concrètes au niveau du basket ?

R B : Ce partenariat avec La Poste permet de développer tout un volet promotion sur le terrain auprès des jeunes arbitres, des comités, des clubs. C’est un vecteur de promotion dont on a besoin. En tant que fédération, nous n’avons pas toutes les capacités que peut avoir un annonceur, on a besoin d’avoir un relais communication / marketing pour valoriser l’arbitrage. Les outils que nous met à disposition La Poste nous le permettent. Le projet, à la base organisé par les magasins BUT et l’agence Carat Sport, est arrivé à maturité. Aujourd’hui, celui porté par La Poste permet de cibler et de créer des actions de communication plus pointues. On voit un secrétaire d’Etat qui s’essaye à l’arbitrage, ou encore un Kop innovant. Chaque année, on monte à un très haut niveau, je vois une vraie évolution.

Cdusport : L’Euro de basket 2015 va se dérouler en France, avez-vous prévu d’en profiter pour développer l’arbitrage ?

R B : Le détenteur des droits de cet Euro est la fédération internationale de basket-ball, l’arbitrage sera sous sa responsabilité. De notre côté, au niveau de la fédération française, on a obtenu l’organisation et on le met en place sous un temps record. Nous pouvons simplement espérer que les arbitres permettront à tous de profiter au mieux de cet événement.

Cdusport : Les thématiques de l’arbitrage de demain,  les retrouve-t-on déjà en application dans le basket  ?

R B : Bien sûr ! Il y a un travail de plus en plus important sur la vidéo. En terme féminisation du sport, le basket-ball est un précuseur. 40 % des basketteurs sont des basketteuses, il y a de plus un nombre grandissant d’arbitres féminins. La technologie et la féminisation sont deux thèmes sur lesquels on investit quotidiennement.

 Les Français s’intéressent de plus en plus à l’arbitrage

On l’a déjà dit, le rôle et les missions de l’arbitre s’intègrent dans un cadre très large, bien au delà du sport, et l’on remarque qu’aujourd’hui le grand public semble se sentir davantage concerné. Un sondage La Poste / TNS Sofrès témoigne d’ailleurs d’un intérêt en hausse pour la profession : 57% des sondés disent s’intéresser à l’arbitrage alors qu’ils n’étaient que 41% en 2013. Les valeurs qui lui sont associées reste les mêmes : le respect, la confiance et la neutralité. Autre chiffre intéressant : 91% d’entre eux jugent que le rôle de l’arbitre est de plus en plus difficile.

[Tweet « En 2014, 57% des Français s’intéressent à l’arbitrage contre 41% en 2013 »]

Alors comment sensibiliser les français à l’arbitrage ? C’est ce que Christophe Maé, le parrain de cette édition, et Thierry Braillard, le secrétaire d’Etat aux sports, ont mis en application lors d’une séance d’arbitrage organisée pour l’occasion. Quoi de mieux pour faire le bilan de cette soirée qu’une interview du chanteur?

« Si ma voix peut porter en dehors, alors c’est une bonne chose » – Christophe Maé

Cdusport : Pouvez-nous parler de votre présence sur cet évènement ? 

C M : La cause me parle ! Le manque de considération est là, et moi le premier quand je regarde un match affalé dans mon canapé j’ai tendance à critiquer l’arbitre. Maintenant je ne porterai plus jamais le même regard, je me suis prêté au jeu et ça demande énormément de qualités, d’énergie et d’impartialité, cette expérience a renforcé mon respect pour l’homme en noir.

J’ai demandé s’il était légitime que je sois ici et ils m’ont répondu oui parce que l’arbitrage doit toucher le plus grand monde. J’essaie de faire mon rôle du mieux possible avec mon regard extérieur. Si ma voix peut porter en dehors, alors c’est une bonne chose. C’est par rapport à mon fils que je suis ici, pour transmettre des valeurs de respect, de considération pour l’entraîneur ou l’arbitre.

Christophe Mae_Tous arbitre

Cdusport : Peut-on faire un parallèle entre votre expérience sur le terrain et quand vous montez sur scène ? 

C M : Il existe des similitudes. Après les supporteurs sont très passionnés, ça commence avec de l’amour mais ça peut très vite tourner si l’équipe joue mal, je n’ai pas ce rapport là avec mon public.

Cdusport : Alors prêt à crier « Vive l’arbitre » ?

C M : Le crier haut et fort, c’est pas encore gagné (rire), mais je vois des jeunes arbitres motivés et vraiment passionnés, se faire critiquer passera après tout ça.

Tous arbitres , c’est également un site internet où vous pourrez retrouver l’intégralité des dispositifs mis en place, des quizz ainsi que de nombreux chiffres et informations complémentaires sur le sujet.

Alors, l’utilisation de Google Glasses pour aider la prise de décision ? Une femme à la direction d’un match de ligue 1 ? Professionnaliser et créer un statut pour tous les arbitres  ?  Qu’en pensez-vous ? Venez nous le dire sur Twitter ou Facebook.

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Bonjour,
je viens de lire un article intéressant : Retour sur la 13ème édition des journées de l'arbitrage.
Voici le lien : https://www.cdusport.com/13e-edition-journees-arbitrage-17697